« C’est bien vrai. Le Seigneur est ressuscité. Il est apparu à Simon » Lc24, 34.
Chers Confrères et Chers Amis !
Je vous écris ces quelques lignes, comme un frère pour partager avec vous quelques convictions et vous encourager à tenir bon au milieu de ce confinement.
La résurrection : Elle n’est pas un objet d’étude, elle n’est pas un fait magique, elle n’est pas quelque chose de passé. C’est une expérience de rencontre. C’est à cette rencontre que nous renvoient les évangiles de la Résurrection : Avec Marie Madeleine, les disciples d’Emmaüs, les Onze, Thomas, Pierre et ses compagnons etc. Dans la foi, ils le reconnaissent et vivent sa présence d’une façon nouvelle. Célébrer la résurrection c’est vivre une rencontre personnelle avec le Christ dans la foi. Comment se fait cette rencontre ? Elle ne se fait que dans une ouverture totale à l’Esprit. C’est l’Esprit qui nous fait reconnaître que ce Jésus qui a été Crucifié, Dieu a fait de lui Seigneur et Sauveur. C’est bien Lui, le Ressuscité. C’est donc l’Esprit qui ouvre les yeux de ceux qui rencontrent le Ressuscité. C’est l’Esprit qui donne force et courage missionnaire aux Apôtres pour aller dans le monde proclamer cette Bonne nouvelle. Face à la résurrection, les uns « refusèrent de croire », certains « revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus ». Jésus leur reproche leur incrédulité et leur endurcissement parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité. La rencontre n’advient ni par des raisonnements ni par le doutes, ni par les preuves ni par des pieuses intentions. Elle est impalpable. Ce genre de rencontre est plus vraie et plus profonde. C’est une rencontre dont l’absence renvoie à une présence réelle, sacramentelle et vivante, capable de changer tout une vie et en faire une mission ad gentes et ad vitam : « Ils partirent pour annoncer que le Christ est ressuscité. Nous l’avons vu ». Ainsi va la rencontre avec le Ressuscité. Elle se fait lorsque les yeux de la foi s’ouvrent sur une présence autre, plus transformatrice et plus resplendissante.
Pâques 2020 sur fond de la pandémie Covid-19 : A cause de la pandémie Covid-19, cette année beaucoup ne pourront pas se rassembler pour célébrer la Semaine Sainte et la fête de Pâques. Certains ont du mal à accepter cette décision de l’église. Mais cette décision est pastorale et non doctrinale. En effet, face à une situation de risques objectifs, des mesures concrètes doivent être prises pour protéger la vie des fidèles et des populations. Tout le monde est susceptible de contracter, de mille manières, cette maladie extrêmement contagieuse. C’est pourquoi je vous supplie de n’épargner aucune mesure de prévention pour vous mettre à l’abri de cette pandémie, en commençant par des gestes simples : lavage des mains, les gestes barrières, la distanciation, la réduction de l’interaction avec l’extérieur, et le confinement intégral. Que chaque communauté persévère dans l’observance stricte de ces mesures pour se protéger et protéger les autres.
La vie communautaire en temps de confinement : Le confinement, imposé ou volontaire, nous oblige à réorganiser notre vie à l’intérieur de nos communautés. Faisons en sorte que ces temps ne soient pas des moments remplis de vides, d’ennui ou d’isolement, de dépression ou d’oisiveté, de somnolences illimitées ni d’évasions virtuelles sans critères. Bien au contraire, profitons de l’occasion pour approfondir :
- Notre intimité avec Dieu en donnant du temps à la prière, personnelle et communautaire.
- Notre relation avec les confrères en donnant du temps au partage de vie non seulement sur les chroniques des évènements douloureux mais aussi ce que nous percevons de bon, de vrai et de bien qui peut nous aider à saisir les signes de la présence et de l’action de Dieu dans le monde, et cela à travers des personnes qui se donnent à fonds pour sauver des vies humaines et recréer la solidarité.
- Notre relation avec nous-même. Nous voici renvoyés à nous-mêmes par le confinement, renvoyés à la conscience que nous sommes fondamentalement mortels. Ce temps devait nous aider à réfléchir sur comment enlever de notre vie tout ce qui est superficiel, superflue, dérisoire, tout ce qui n’est pas compatible avec notre choix fondamental, afin de revenir à l’essentiel et de retrouver nos vraies priorités, celles pour lesquelles nous sommes missionnaires comboniens. D’où la question : comment meubler ma vie de ce qui lui donner sens, joie saine et vrai bonheur ?
- Notre relation avec la mission en réfléchissant sur la qualité de notre présence et de notre service missionnaire: En quoi ma présence missionnaire est-elle un don de Dieu pour ma paroisse, ma communauté, les gens que je rencontre, ma famille et mes amis ?
En ce temps, évitons la panique : Les informations alarmantes des médias peuvent créer, si elles ne sont pas filtrées, une grande peur et une telle angoisse de mort que cela peut déclencher des nouvelles réactions et attitudes au point de voir partout la mort. Ainsi, un petit malaise, une toux normale, une fièvre typhoïde ou un coup de paludisme qui sommeille en nous est vite interprété, souvent sans l’avis du médecin, comme une contagion de Covid-19. L’épidémie actuelle ne supprime d’autres maladies mais les rencontre et dialogue avec elles. La peur pourrait avoir un impact plus fort que le virus lui-même. Elle peut créer des symptômes bien réels comme l’insomnie, la dépression, l’insécurité sanitaire en soi-même et chez l’autre, la fuite dans les réseaux sociaux comme compensation d’un vide, l’isolement, l’agressivité, l’anxiété, l’insatisfaction, la difficulté à supporter un effondrement presque total de la vie normale, la difficulté d’être en contact avec soi-même et d’affronter ses démons intérieurs. Cette situation de panique est aggravée par les opinions mal fondées exprimées par les experts incompétents, reproduites par les médias sociaux. Alors, je vous invite à discerner toute information avant de l’avaler ou de la partager : « examinez toute chose et retenez ce qui est bon » ITh5, 21. De grâce, évitons la panique car elle conduit à l’autodestruction et par conséquent à une psychose dans la communauté. Soyons vigilants face à la maladie mais aussi évitons de paniquer. Car la peur ne va rien résoudre. Au contraire, elle peut générer d’autres réactions qui nous enlèvent la paix intérieure.
Bonne semaine sainte : Au fond, le confinement nous renvoie à ce que nous allons vivre cette semaine sainte où peur, mort et joie et vie vont se retrouver intimement liées. Peur de Jésus devant la mort qui l'attend, peur des disciples devant la haine et la violence, mort infâme et résurrection glorieuse. Mort et vie vont de pair. Mais en Jésus, la vie triomphera de la mort. Ce confinement est donc un moyen de retrouver le sens profond de notre vie, de reconsidérer nos vraies priorités dans la vie. Je vous invite vivement à ne pas désespérer de la situation, mais à entrer dans la Semaine Sainte en méditant sur le silence de Dieu. Nous pouvons l’imiter en contemplant le Christ qui s’est tu face à la trahison et au reniement, face à la condamnation injuste et aux moqueries, face aux coups et blessures, et finalement face à l’humiliation suprême, celle de la mort. C’est de ce silence ultime, face aux pourquoi et aux comment de ses disciples que la voix de l’Ange s’est faite entendre : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il est ressuscité ». Le don de pâques c’est l’Esprit d'amour, l’Esprit de vie, l’Esprit dont la société de l'après-confinement, aura besoin pour recréer un monde nouveau: plus juste, plus humaine car respectueuse de l'homme, plus écologique car respectueuse de la planète, notre maison commune, et plus respectueuse de Dieu. Bonne semaine sainte et Joyeuses pâques à chacun de vous !
Léonard NDJADI NDJATE
Votre Frère
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