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Les inondations. Le cauchemar de l'Afrique

Les inondations. Le cauchemar de l'Afrique

Les inondations sont parfois bénéfiques pour l’environnement, car elles apportent des nutriments qui fertilisent. Mais ; souvent ; elles provoquent des dégâts humains et matériels et appauvrissent les pays.
 
Les inondations sont un débordement des eaux des rivières, des fleuves, des mers et des océans provoqués par des précipitations abondantes des pluies, qui submergent les espaces environnants. Elles ont souvent pour origine l’intervention directe ou indirecte de l’homme. L’installation des populations sur un terrain sans respecter les normes topographiques et urbanistiques ne garantit pas une cohabitation pacifique entre l’homme avec son environnement et peuvent causer des inondations. Aussi, les implantations humaines dans des zones inondables et imperméables occasionnent, à la longue, des débordements des eaux dans les quartiers.

Dans le contexte agricole, l’imperméabilisation des sols, occasionnée par la dégradation des sols et certaines pratiques agricoles intensives comme le drainage peuvent accélérer le ruissellement de l’eau et en limiter l’infiltration. La création des établissements d’écluses, des barrages permettant la navigation et le transport fluvial, mais diminuant la pente naturelle du cours d’eau, l’absence de gestion et de coordination des barrages à l’approche des crues, etc., sont autant d’actions humaines qui provoquent des inondations.
Certaines d’entre elles sont dues, notamment, au changement climatique: les tsunamis, les émissions de gaz à effet de serre entraînent la fonte des glaciers, provoquent la montée du niveau des eaux et pourraient entraîner des cyclones. Il est estimé que le niveau des mers s’élève de 80 cm d’ici 2100, influençant ainsi les crues des océans, des fleuves et des rivières. Cela augmentera de manière considérable le nombre annuel d’inondations avec des désastres multiformes ainsi que des pertes en vies humaines. En plus, un rapport du GIEC -Groupement Intergouvernemental d’Experts sur les évolutions du Climat- de 2007 avertissait qu’il est probable que, dans les années 2080, plusieurs millions de personnes supplémentaires seront inondées chaque année à cause de l’élévation du niveau de la mer.


Wawa: Sud-Ouest Nigéria, les habitants, victimes de fortes pluies d’octobre 2019 essaient de rejoindre leurs domiciles
 

Les conséquences sur l’environnement et les infrastructures
Les inondations touchent tous les pays de la planète, mais avec des effets très diversifiés. Elles touchent l’environnement et la biodiversité, les infrastructures humaines ainsi que la vie des personnes et leurs biens. Pour l’économiste Français Stéphane Hallegatte, les inondations sont l’un des principaux risques naturels dans le monde. Elles constituent les catastrophes naturelles qui occasionnent le plus de dégâts.

Quand les eaux oublient leurs lits pour envahir des espaces qui leur sont étrangers, elles provoquent de nombreux dégâts. Les berges et le fond subissent des fortes érosions et des éboulements, sous l’influence du courant d’eau, jusqu’à transformer la morphologie du milieu. Parfois, les lits des rivières changent d’emplacement à la suite d’une crue très forte. La biodiversité est impactée, une partie de la faune aquatique et terrestre, emportée par les eaux et la végétation, arrachée. La végétation qui résiste à la force du courant peut dépérir si elle demeure sous les eaux trop longtemps parce que privée de lumière et de l’air.

Par ailleurs, les inondations violentes ravinent le sol et transportent des dépôts des matériaux grossiers, stériles et inutiles. Ces  détritus rendent les zones d’habitations inhospitalières à l’homme et l’empêchent de réaliser ses activités. En plus, les infrastructures des pays sont endommagés: les routes sont souvent emportées ou rendues impraticables, des ponts  sont cassés et ruinés, des usines sont détruites, couvertes d’eau de terres issues des crues. En 2019, dans les provinces sud-africaines du KwaZulu-Natal et du Cap Oriental, par exemple, «de nombreux bâtiments avaient été emportés, des routes inondées, des lignes électriques coupées et les réseaux d’égouts avaient débordés», rapportait une dépêche de l’AFP d’avril de la même année.

 
La traversée dans une zone inondée.


Bilans humains importants
Les inondations affectent directement ou indirectement les personnes. Entre 1973 et 1997, elles ont touché plus de 66 millions de personnes dans le monde. Le changement climatique de ces dernières années ne fera qu’exaspérer cette situation avec son cortège des déconvenues.

Parmi les conséquences directes des crues sur les habitants, il y a les pertes en vies humaines, les blessures et le délogement temporaire ou définitif des populations de leur milieu de vie. Les conséquences indirectes sont légions et souvent durables. Il s’agit, notamment, des pertes de leurs biens et moyens de subsistance: logements, meubles et habits, commerces, usines, champs, élevage, etc. Beaucoup d’observateurs pensent qu’à chaque inondation s’ensuit un appauvrissement d’une partie de la population. L’environnement pollué peut devenir dangereux pour l’homme et  peut occasionner  des maladies et des épidémies surtout d’origines hydriques comme la diarrhée, la malaria, le choléra, la dengue, etc.

Au cours de l’année 2020, les inondations qui ont traversé l’Afrique ont eu des conséquences néfastes sur tous les plans. A Niamey, par exemple, le fleuve Niger, qui avait débordé de son lit, avait tué 65 personnes et obligé 300.000 autres à quitter leurs maisons. Il avait détruit plus de 5 000 hectares de culture, notamment, des rizières. Le précédent bilan faisait également état de la destruction d’une soixantaine de salles de classe, d’une vingtaine de mosquées, de 448 greniers à céréales et de 713 puits d’eau potable.

Avec plus de 400 morts, le Mozambique est le pays le plus touché par le cyclone en 2019. Au Nigeria, dans l’état d’Adamawa (nord-est), plus de 40 villages ont été totalement détruits en 2019. Au Soudan, en 2019, les routes ont été coupées, les points d’eau, endommagés et le bétail, noyé. Au total, 200 000 personnes ont été touchées et 111.426 maisons, détruites. Chaque année, cette chronique noire hante les esprits autour du monde.


Coût économique
Les inondations affectent dramatiquement l’économie des pays, spécialement les plus pauvres. Les dégâts causés par Idai, en 2019, au Mozambique et au Zimbabwe et les inondations du Malawi avaient coûté plus de 2 milliards de dollars, selon les estimations de la Banque Mondiale. Une étude évaluant le coût de l’élévation du niveau des océans et des phénomènes météorologiques extrêmes pour les 136 principales métropoles littorales du monde indique que les inondations pourraient coûter environ 1 000 milliards par an de 2010 à 2050, rien que pour ces villes. Beaucoup de ces villes qui seront endommagées se trouvent en Afrique.

Les gouvernements dépensent  des sommes colossales pour déclencher des plans d’urgence contre les inondations: le secours d’urgence aux sinistrés, la prévention, la réparation et construction des infrastructures et systèmes d’assainissement durables. Le gouvernement de la Côte d’Ivoire a entrepris des mesures préventives, en déplaçant 6 000 familles des zones inondables d’Abidjan, la capitale, et en donnant 300 dollars à chacune pour se reloger. Selon le journal ‘Le Quotidien’ du Sénégal, les autorités sénégalaises ont voté un budget d’urgence d’une valeur de 750 milliards de FCFA (1,140 milliard d’euros) pour faire face aux inondations qui menacent fréquemment le pays.


 


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