Revue Afriquespoir

La justice élève une nation

La justice élève une nation

Jean Claude Kobo     Avril - Juin 2020

Cet adage biblique (Pr. 14, 34) est un principe très peu discutable et constitue l’un des piliers du pacte citoyen. Aristote et Thomas d’Aquin définissent la justice comme «… la volonté constante et continuelle de donner à chacun son droit ». Elle est un idéal souvent jugé fondamental pour la vie sociale. En effet, elle souligne aussi l’importance du troisième pouvoir dans la gestion d’un peuple. Elle incarne l’idéal des valeurs sociales (éthiques et morales) d’une nation. Ainsi, le philosophe américain John Rawls dit que « La justice est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée ». Elle est un rempart qui protège les personnes, garantit les règles de vivre ensemble, les droits et les devoirs de chacun, les conditions d’une société apaisée. Elle met tout le monde au même pied d’égalité devant la loi et inflige la même sanction (positive ou négative) aux individus parce qu’indépendante et impartiale.

La justice et la sécurité sont des « biens publics et communs » dans la mesure où chaque état est dans l’obligation de les promouvoir et de les préserver. Ce sont des biens publics pour des multiples d’autres raisons. En premier lieu, aucun individu ne peut exercer ou sauvegarder ses droits sans le concours et la coopération d’autres personnes. En second lieu, la consommation du bien par un individu ne réduit pas nécessairement la quantité du bien pouvant être consommé par d’autres.
 Son rôle dans une société est curatif. Si la justice ne fonctionne pas bien, c’est un encouragement pour les malfaiteurs qui voient l’impunité de leurs pratiques. Comme le dit l’expert français Christophe De jours, l’absence de la justice est une «banalisation du mal». Mais un système judiciaire efficace est un moyen de dissuasion et de paix.
 Car la paix dans notre cœur et notre esprit passe par la justice. Et inversement, l’injustice crée de la souffrance et mène à la violence. Le but de la justice est de réparer le tort fait aux victimes, mais également de punir les personnes coupables de délits pour éviter leurs répétitions et prévenir les récidives. D’où l’importance d’un bon fonctionnement de la justice.

 Tout le monde ressent, au moins confusément, l’importance du rôle de la justice dans la société et plus particulièrement dans un Etat de Droit. N’a-t-on pas coutume de dire que la justice est le dernier recours de l’individu ? Sans elle, les droits subjectifs accordés aux particuliers seraient constamment violés. Ce serait, en d’autres termes, le règne de l’insécurité, de la violence et du désordre. II n’y aurait pas de développement possible.

Pour qu’il en soit autrement, les citoyens doivent pouvoir saisir facilement la justice et celle-ci doit fonctionner de manière satisfaisante. La fonction juridictionnelle est devenue l’une des principales attributions de l’Etat moderne, car les lois empêchent que chaque individu se fasse justice et prenne « sa raison par ses mains ». Le progrès humain n’est ni automatique ni inévitable… Chaque pas vers l’objectif de la justice exige le sacrifice, la souffrance et la lutte ainsi que les efforts inlassables et le souci passionné d’individus dédiés, disait Dr Martin Luther King. L’Afrique fait parfois l’exact contraire dans l’usage de la justice. Un continent où prolifèrent le crime et la prime aux criminels, dans un règne d’une « justice-phobie » et d’une impunité ahurissante. Et ces criminels se recrutent dans le chef de ceux qui gouvernent les pays, eux qui sont sensés appliquer la justice. C’est le règne comme le déclarait, Blaise Pascal, de « la justice sans la force qui est impuissante; la force sans la justice qui est tyrannique.» ».

 


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